Je me suis passionnée pour la terre, j’aime son touché, son élasticité, sa maniabilité sous les doigts.

Mouillée, je la modèle comme on réalise une esquisse en dessin, c’est une ébauche, un premier jet.
Sèche, elle est à la fois résistante et d’une grande fragilité. Je la sculpte, la ponce ; affine les lignes, arrondis les courbes, modèle les vides.
Cuite, elle peut être reprise, modifiée. Il faut trouver un équilibre entre la fermeté et la légèreté du geste pour faire évoluer les pièces. Je les peaufine, je ne dois sentir aucune rugosité sous mes doigts, j’épure les courbes, les lignes au maximum. Je recherche l’équilibre entre les vides et les pleins, les courbes et les arêtes, les différents volumes.

Actuellement, je travaille essentiellement la terre noire ou blanche et tiens à en conserver la couleur naturelle. Mes pièces sont cirées, patinées, la brillance accentue leur aspect poli, elles « attirent » les doigts. Ce sont des sculptures à caresser.

Je sculpte la recherche du point d’équilibre entre le mouvement et le repos, l’émergence et le repli, la sérénité et la révolte.
Je capte les mouvements de corps, en fige les traces. Gomme toute expression aux visages, la ligne seule, alors, devient vecteur de sentiments. Elle conduit vers l’abandon ou la sérénité, la douleur ou l’amour.
Corps, que les courbes seules, définissent comme féminins. Femme serpent ou femme oiseau ?

Corps, à la fois fragiles et puissants, ancrés dans le monde réel, mais s’en détachant pour s’envoler vers l’imaginaire.